MIDI LIBRE Guillaume Reynaud élabore des vins sans sulfites qui se gardent

Jeune vigneron propriétaire du Château de Bosc à Domazan, le Gardois a inventé un procédé unique. 

Et si élaborer des vins de garde sans sulfite était désormais réalisable. En tout cas, c’est ce que tente de prouver depuis maintenant presque dix ans Guillaume Reynaud, jeune vigneron propriétaire du Château de Bosc à Domazan, dans le Gard. « Ma démarche au départ était relativement simple. Je voulais utiliser moins de chimie dans mes vins et éviter le plus possible l’utilisation de sulfite, produit très concentré, toxique et volatile, qui me provoquait des crises d’asthme lors du travail en cave, explique Guillaume, issu d’une famille vigneronne depuis cinq générations. C’est alors que j’ai décidé d’inventer un procédé permettant de produire du vin sans sulfite. »

Bien vieillir sans subir d’altérations

Jusque-là, rien de très original puisque de nombreux vignerons font de même, notamment pour leurs blancs et leurs rosés. Seulement, le procédé, mis en place et tenu aujourd’hui encore secret par son inventeur, a la vertu, outre sa fiabilité, de permettre aux vins rouges de bien vieillir sans subir d’altérations. Le principe est bâti uniquement sur la technique et le protocole de vinification, et  » n’inclut nullement de produits de substitution « , précise le vigneron dont la propriété de douze hectares, essentiellement du grenache, de la syrah et un peu de mourvèdre, est passée en production bio en 2009.

Mais c’est en 2006 que Guillaume, affectueusement qualifié de  » têtu  » par son père Maurice, créateur du célèbre musée de la Moto à Domazan, débute ses premières recherches en effectuant de nombreux essais sur des petits volumes dans le but d’affiner son procédé d’élimination du SO2. Et en 2010, il réalise sa première cuvée sans sulfite, et cela en respectant totalement la typicité de l’appellation Côtes-Du-Rhône. Il la baptise Artémis.

Désormais, ce sont toutes les cuvées de la propriété qui sont sans soufre.  » Mon procédé est simple, facile à mettre en œuvre et surtout peu onéreux, assure le jeune vigneron formé à la viticulture et à l’œnologie. Il n’apporte rien de nouveau si ce n’est une manière différente de travailler aussi bien dans la vigne que dans la cave. « 

« Dix ans d’avance ! »

À l’inverse des vins naturels auxquels ces cuvées gardoises peuvent parfois, à tort, être comparées, la méthode utilisée au Château de Bosc consiste avant tout à guider la nature dans la cave et non de l’accompagner. « J’ai été obligé d’inventer une nouvelle façon de piloter les itinéraires d’élaboration de mes vins en révisant notamment le protocole de vinification. » Sachant que le raisin porte en lui les outils de sa tolérance à l’oxygène et aux micro-organismes.

Résultat : en cinq ans, les vins de la propriété « plus ronds, plus gras et mieux définis » ont décroché – entre autres – quatre médailles d’or au Concours agricole de Paris. Et pour Jean-Philippe Trollet, élu meilleur œnologue du monde en 2009, il n’y a pas de doute : « Guillaume a dix ans d’avance sur tout le monde en viticulture. »